« Violences conjugales, parler pour renaître », le 13/01 à 20h45 sur France 3
Un documentaire de Sarah Lebas et Laurent Dy
Tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son conjoint. La violence conjugale n’épargne aucun milieu social, et pourtant elle reste taboue, comme un secret de famille. Pour sortir des violences, il faut d’abord sortir du silence. Dans ce film, l’équipe de tournage a suivi des femmes qui, courageusement, ont osé en parler ; des femmes qui mènent un véritable parcours du combattant pour fuir un conjoint violent et reprendre une nouvelle vie.
Sur le chemin de leur reconstruction, nous avons aussi croisé des professionnels et des bénévoles, formés pour accompagner ces victimes à chaque étape de leur long parcours.
A Paris, Maître Isabelle Steyer défend les femmes battues depuis 15 ans. Nous l’avons suivie lors d’un procès d’assises. Sa cliente, Coralie, a frôlé la mort.
Son mari est jugé pour lui avoir tiré une balle dans le visage. Le procès est un temps essentiel de la reconstruction. Pour Coralie, il va lui permettre de pouvoir enfin commencer une nouvelle vie.
À Bordeaux, Stéphanie, policière au commissariat central, a été formée pour recueillir les plaintes de ces femmes et comprendre leurs hésitations à dénoncer leur conjoint. Avec l’expérience, elle a appris à composer avec ce qui caractérise souvent ces affaires : l’absence de preuves et l’absence de témoins.
A l’hôpital de Bordeaux, le C.A.U.V.A. (Centre d’accueil d’urgence des victimes d’agression) est un service unique en France. Les femmes peuvent y faire constater leurs blessures par un médecin légiste sans avoir à porter plainte immédiatement. Les traces des violences subies sont conservées pendant trois ans, un temps parfois nécessaire pour se décider à dénoncer son compagnon. Mais la prise en charge n’est pas seulement médicale : ici elles peuvent aussi rencontrer des psychologues, des assistantes sociales, des juristes, qui leur donneront des clés pour sortir des violences.
Une fois l’urgence passée, ce sont les associations qui entrent en scène. A Dunkerque, depuis 15 ans, l’association SEDIRE suit ces femmes sur le long terme.
Certaines viennent en cachette de leur époux, d’autres sont déjà séparées. Entretien individuel, groupe de parole, cours de self-défense, tout est fait pour qu’elles expriment leur souffrance.
Mais l’association n’est pas un simple lieu d’écoute, c’est aussi un refuge. Le foyer d’hébergement de SEDIRE abrite des femmes qui fuient, avec leurs enfants, un conjoint violent.
Certaines victimes très isolées dans la campagne n’ont pas accès à ces lieux de parole. Julie Bissiau est référente départementale en violences conjugales dans le département du Nord. Chaque semaine, elle parcourt plus de 700 km en voiture pour détecter et accompagner des femmes victimes de maltraitance. Son but : leur redonner confiance et les aider à soigner des cicatrices parfois plus profondes que les seules marques de coups. En quatre ans, Julie Bissiau a épaulé près de 500 femmes. Elle connait bien leurs souffrances pour avoir elle même subi des violences conjugales dans le passé.
Les institutions aussi se mobilisent et cherchent des solutions.
A Bobigny, en Seine Saint-Denis, la Justice remet des téléphones d’urgence aux femmes en très grand danger. Un dispositif d’alerte qui permet de réduire à dix minutes le temps d’intervention de la police. Une expérience pilote lancée en 2009 et qui a déjà protégé 136 femmes. Le ministère des Droits des Femmes a décidé d’étendre ce dispositif à l’ensemble du territoire dès janvier 2014.
A Arras, dans le Nord, pour éviter que les femmes ne soient contraintes de quitter le domicile après des violences, la Justice éloigne les hommes. Au Home des Rosati, plusieurs conjoints violents sont dans l’attente de leur jugement. Ils doivent aussi participer à des groupes de parole pour prendre conscience de leurs actes.
La thérapie pour les soigner est une piste actuellement explorée par le Conseil de l’Europe qui lutte activement contre les violences conjugales.
A chacune de ces étapes, nous avons mesuré la difficulté qu’il y a à sortir des violences conjugales. Car dans la plupart des cas, les coups sont accompagnés d’une emprise psychologique. Comme le dit une bénévole dans notre film : “c’est difficile de sortir des violences, mais c’est possible”.
Ce documentaire fera l’objet d’une discussion en direct sur les réseaux sociaux : #femmesendanger