Jeune, né en banlieue, fils d’immigré, chef d’entreprise : cherchez l’intrus. Et si, pour une fois, il n’y en avait pas ? Nous avons retrouvé six chefs d’entreprises venus « des quartiers ». Tous lauréats du prix Talents des Cités.
Aujourd’hui, en ces temps de crise, d’inquiétude et de repli, ils dessinent une France volontaire, qui entreprend, s’investit. Mais ce n’est pas la France des pages économie des quotidiens. Ce sont des jeunes qui, à un moment de leur vie, ont choisi de se révolter. Contre le sort qui leur était fait ou pour défendre des valeurs. Ils s’en sont sortis. Ils sont devenus chefs d’entreprise.
A l’occasion de la dixième édition de Talents des Cités, ce film dresse le portrait de six anciens lauréats. Nous avons voulu savoir ce qu’ils étaient devenus, une fois leur trophée installé dans le salon. Car recevoir un prix, c’est bien, mais ce n’est pas un talisman qui immunise contre tous les problèmes que peut rencontrer un dirigeant. Surtout quand celui-ci est jeune, vient d’une cité et n’a pas toujours la couleur de peau la plus facile à porter.
Road Movie des talents, ce film est une rencontre avec six chefs d’entreprise hors normes. Une tentative de réponses aux nombreuses questions que leur succès – fragile parfois – pose.
Pourquoi se sont-ils lancés ? Quand on n’a pas grandi au milieu de patrons multi-diplômés, qu’on ne connaît pas toutes les règles du jeu de l’entreprise, comment dirige-t-on la sienne ? Que sont devenus l’enthousiasme ou l’angoisse des débuts ? Comment managent-ils leurs équipes ? Comment sont-ils reçus par les banques et les institutions ? Ont-ils des réseaux ? Certains ont-ils connu l’échec ? Comment font-ils pour concilier leurs valeurs (sociales, éthiques, environnementales) et le business ? Quels sacrifices personnels ont-ils dû faire ?
Voici :
– Nassera et Michel Porsan. Parce qu’ils voulaient donner du sens à leur vie, ils ont créé Easyday, une société dédiée aux services à la personne. Ils ne recrutent que des personnes qui vivent en banlieue et ne manquent jamais de rappeler que « les banlieusards ne sont pas des aliens ! »
– Adamas Ly : Professeur Tournesol de la banlieue de Bordeaux, il a inventé un procédé pour nous faire consommer moins d’électricité. Aujourd’hui, il essaye de convaincre banques, mécènes et clients.
– Lucile Bernadac : elle crée des doudous bios et éthiques. Des doudous qui brillent la nuit mais surtout, qui sont fabriqués par une communauté sénégalaise : grâce à Lucile, 2000 familles ont du travail. Problème : aujourd’hui, elle a besoin d’argent pour que sa société vive. Et les banques ont du mal à comprendre son business plan…
– Sally Bennacer : Sally fabrique et vend des stores et des volets. Installée au Kremlin-Bicêtre, sa société ne connaît pas la crise. Mais comment se développer quand on n’a reçu aucune formation ?
– Ali Kaya : c’est le roi du réseau ! il aime se dire « fils de berger d’Anatolie », revenir dans la cité dans laquelle il a grandi. Mais il aime surtout le business ! Il crée des stations de nettoyage de voiture dans les parkings de Bordeaux et aide des jeunes qui comme lui veulent se lancer dans les affaires.
– François Degond : à Alençon, il était le roi des produits locaux ! Mais il a dû laisser sa société à un autre. Comment se relever quand on a tout donné pour son entreprise et qu’on a tout perdu ?
A PROPOS DE « TALENTS DES CITES »
Chaque année, à l’initiative du Ministère de la Ville et du Sénat, le concours Talents des Cités récompense des créateurs d’entreprises ou d’associations pour leur parcours et leur créativité. Ils sont plus de 300 à avoir remporté ce prix.
« Talents des cités : que sont-ils devenus ? »
Un film de Stéphanie Malphettes et Fréderic Fiol
Diffusion le 18 octobre 2011 à 20h35 sur FRANCE 5