C’est l’autre révolution de 68 : celle des mœurs. Virginité, fidélité, mariage : les tabous d’après-guerre sont bousculés. La révolte échoue face au pouvoir, mais libère la société. 50 ans plus tard, les « années 68 » restent celles qui ont émancipé la libido des Français.
Les slogans politiques ont été oubliés, mais l’émancipation sexuelle est restée. C’est peut-être le principal acquis du « joli mois de mai », et c’est ce qui ressort du documentaire « 68 année érotique ».
Le film, produit par CAPA, donne la parole à des Français anonymes, qui racontent leurs « années 68 ». Ces témoignages se mêlent aux archives pour restituer l’ambiance de l’époque.
Ces femmes et ces hommes issus du baby boom étaient étudiants, lycéens ou déjà dans la vie active. Devant la caméra de Claude Ardid et Philippe Lagnier, ils décrivent d’abord la France d’avant mai, et l’ordre moral qui tenait toute une jeunesse à l’étroit dans un corset.
Il y a Jacqueline, qui se souvient de son ignorance, et du manque d’éducation sexuelle général. Gian, qui entend encore les sermons culpabilisateurs des prêtres.
Et puis viennent les premières manifestations de mai. On s’embrasse sur les barricades et dans les amphis. Monique fait l’amour dans les bureaux de la Fac, Marc expérimente une liberté grisante.
Jouir sans entraves : d’accord, mais sur un pied d’égalité. Le féminisme s’affirme, le MLF descend dans la rue. Dans les mois qui suivent, certains se lancent dans la vie en communauté et pratiquent l’amour libre, comme Michel.
Mais toutes et tous ne vont pas se libérer en même temps. Claudine, concierge et déjà mère, raconte que dans les milieux ouvriers, on n’avait pas le luxe de « penser à ça ». Pour elle, il faudra attendre quelques années et un divorce pour bénéficier des progrès de mai.
D’autres ont profité de mai 68 pour vivre enfin leur sexualité sans honte. Bruno cachait son homosexualité et s’était résigné à se marier. Le vent de liberté lui a donné des ailes.
La libération sexuelle a 1000 facettes. Avec, aussi, ses excès, quand la transgression devient la norme, quand le sentiment amoureux devient ringard.
Que l’on ait été homme ou femme, hétéro ou homo, ouvrier ou bourgeois, l’histoire intime de 68 n’a pas été pas la même.
Mais avec 50 ans de distance, tous ces protagonistes reconnaissent une chose : mai 68 a changé ce qu’on appelait autrefois « les choses de l’amour ». Et les générations qui ont suivi en ont profité. La liberté individuelle, le droit à toutes les identités sexuelles et le féminisme viennent de là.
Un documentaire de 52’ écrit par Claude Ardid et Philippe Lagnier, réalisé par Philippe Lagnier. Une production CAPA