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Hommage à nos confrères et amis Stephan Villeneuve et Bakhtiyar Haddad, tués à Mossoul

Stephan Villeneuve n’a pas survécu à ses blessures. Il a été mortellement touché par l’explosion d’une mine alors qu’il couvrait la bataille de Mossoul.

Stephan était notre confrère et notre ami. C’était un grand pro.

Avec CAPA, pour 24 Heures, Match TV, L’Effet Papillon et Envoyé Spécial, il avait couvert la plupart des conflits et des tragédies qui ont marqué notre histoire récente.

Il avait 25 ans quand il a fait ses premières armes en Bosnie. Après Sarajevo, il a enchainé Mogadiscio, le génocide rwandais, le Kosovo, le Congo, Haiti, le Yémen, l’Irak, la Tunisie…. Et puis l’Irak, une dernière fois. Stephan connaissait la planète comme sa poche. Il aimait profondément les autres.

Nous nous associons à la douleur de sa famille, de ses proches, et des équipes de #5Bis prod et d’Envoyé Spécial.

Nos pensées vont également à notre ami Bakhtiyar Haddad, mort sur le coup hier à Mossoul, ainsi qu’à nos confrères Véronique Robert et Samuel Forey, blessés lors de l’explosion.

 

(Remerciements à Laurent Langlois pour la plupart de ces photos)

Berlin il y a 25 ans, quand le mur tombe sous les yeux des journalistes de CAPA

Pour célébrer les 25 ans de la chute du mur de Berlin, les documentaires « 24 heures Aller-Retour » et « 24 heures vingt ans après » sont disponibles gratuitement sur le site de CAPA TV, un mois durant.

Août 1961, le « mur de la honte » est érigé par le gouvernement Est-allemand. Symbole ultime d’un monde bipolaire, cette frontière de béton de 3,6 mètres de hauteur impose durant 28 ans une fracture dont les allemands porteront longtemps les marques. Le 9 novembre 1989, le mur tombe, le bloc communisme avec. L’équipe de 24 heures, émission produite par CAPA pour Canal+, se rend sur place en urgence. Retour sur un moment historique.

Ils sont vingt-cinq, divisés en cinq équipes. Le concept de 24 heures est de tourner un même événement, pendant 24 heures, en suivant le point de vue de cinq personnages différents. L’atmosphère est électrique : il faut rendre compte immédiatement de ce qui faisait encore figure d’utopie quelques jours plus tôt, à l’Est comme à l’Ouest. On ne sait pas encore très bien ce qu’il se passe, mais il faut tourner des images, trouver des personnages, le tout avec le matériel de l’époque : cassettes, batteries, talkies-walkies, émetteurs-récepteurs, et pas mal d’audace.

De fait, les journalistes ne sont pas les bienvenus à l’Est durant la Guerre Froide, et ceux qui travaillent pour les journaux du bloc communiste sont largement contrôlés, à des fins de propagande. Ironie du sort, c’est un journaliste italien, Riccardo Ehrman qui précipite la chute du mur, en posant la question fatidique à Günter Schabowski, un officiel de RDA, l’obligeant à annoncer l’ouverture immédiate des frontières.

Dans  Berlin Aller-Retour, diffusé quelques jours après, les points de vue se multiplient. Il y a ces étudiants de RDA, pas très pressés d’aller jeter un œil à ce qu’ils ne connaissent qu’au travers du discours nostalgique de leurs parents. « Je sais qu’il y aura des couleurs partout, et beaucoup de choses à acheter. Mais je ne vais rien acheter » s’amuse une étudiante, encore dubitative quant à ce qu’elle s’apprête à découvrir. Il y a aussi cette mère de RDA, apeurée à l’idée de voir ses enfants se mélanger pour de bon aux « loubards » de l’Ouest.

Et puis, y a des adieux, des retrouvailles, de longues heures d’attentes devant un mur qui peine à s’effondrer, faisant presque douter la foule de la véracité de l’annonce : « Pourquoi ils ne l’ouvrent pas, ce mur ? C’est vraiment une honte », s’indigne-t-on. Il y a aussi ces Est-allemandes qui s’extasient devant un magasin de fourrures après leur passage de l’autre côté : « ce manteau, je ne pourrais pas me l’offrir », sourit l’une d’entre elles. Il y a enfin ces policiers de RDA, qui souhaitent eux-aussi se rendre à l’Ouest, sans savoir s’ils y seront autorisés.

20 ans plus tard, c’est Richard Puech qui se rend sur place pour tourner 24 heures, vingt ans après. Il retrouve ces personnages qui, avec les années, ont pris du recul. La jeune étudiante qui ne « comprenait pas après quoi les gens courraient à l’Ouest » reconnaît avoir été victime de l’utopie socialiste. Elle, qui considérait l’Est et l’Ouest comme deux entités bien distinctes, a changé d’avis.

Un dissident qui avait été expulsé de RDA revient sur les traces de son calvaire avec son fils. Celui qui n’avait que trois ans à l’époque ne se souvient pas des heures d’interrogatoires que ses parents ont subi avant de fuir vers l’Ouest.

Et puis, il y a les perdants de la réunification, comme ce policier morose, radié à vie de la profession après la chute du mur, et à qui il ne reste que des souvenirs nostalgiques de l’avant 1989. En ce temps-là, il n’y avait pas de drogue, ni de tag sur les murs. Et pour cause : « en RDA, il n’y avait pas de peinture ».

C’était il y a déjà un quart de siècle. En novembre 2014, ce sont 8000 ballons qui ont été installés par l’artiste Christopher Bauder sur les traces du mur. Mais si cette installation est éphémère, 41 murs du genre existent encore, comme le tristement célèbre mur de l’apartheid palestinien. À l’occasion des 25 ans de la chute du mur, c’est d’ailleurs une brèche symbolique qui a été ouverte dans ce dernier. Le Berlin de 1989, décidément, n’en finit pas d’inspirer.

Pour aller plus loin :

La chute du mur, galerie photo par le Nouvel Obs
Le fil twitter de l’AFP – archives, raconte comment la chute du mur a été couvert par l’agence à l’époque
L’Histoire du punk qui a cassé le mur, par Vice
Faire du mur une oeuvre d’art… aux quatre coins du globe
La playlist du mur de Berlin par 20 Minutes
Connected Walls, ou que se passe-t-il de chaque côté des 41 murs qui existent encore aujourd’hui ?