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« Souffre-douleurs, ils se manifestent » : coulisses d’un séisme. Ce soir à 22h25 dans Infrarouge, sur France 2

Ce soir sur France 2, Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea jettent un pavé dans la mare. Le harcèlement scolaire n’est pas un fait divers, c’est un fléau de société qui touche peut-être votre fille, votre frère, ou votre élève.

Pour qu’aucun enfant ne subissent plus jamais de brimades ou de coups de la part d’autres élèves, d’anciennes victimes témoignent. Ce documentaire en forme de manifeste ne laissera personne indifférent. Et certainement pas les pouvoir publics. Ce matin sur France Inter, Najat Vallaud-Belkacem, invitée de Patrick Cohen, présentait son plan contre le harcèlement à l’école. « Notre priorité est de faire prendre conscience à tout le monde de la gravité du harcèlement scolaire […] qui peut conduire jusqu’au suicide. »

Pour elle, les élèves ont un rôle crucial à jouer : « Ce sont les élèves qui peuvent rompre le silence : le harcèlement scolaire se fait dans une relation de triangulation. Il y a l’auteur du harcèlement, la victime, mais aussi des spectateurs. Si les spectateurs comprennent qu’il faut refuser cela, c’est la meilleure façon d’y mettre fin le plus tôt possible. »

Andrea Rawlins-Gaston, journaliste et réalisatrice à CAPA, revient sur la genèse du film : « Il y a plus d’un an j’ai entendu l’interview d’une femme qui s’appelle Nora Fraisse, dont la fille s’est pendue à l’âge de 13 ans, à cause du harcèlement scolaire. Je me souviens d’être restée glacée. »

Laurent Follea, quant à lui, revient sur les coulisses du tournage.

Mardi 10 février, à 22h25, dans Infrarouge sur France 2, engagez-vous contre le harcèlement scolaire.

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« LE TABOU DU VIOL : L’appel de Clémentine Autain », un article paru dans le Nouvel Observateur du 12/07/2012

Le Nouvel Observateur Vous avez révélé dans un livre avoir été violée. Pourquoi transformer cette épreuve en cause politique ?

Clémentine Autain :

Quand ça m’est arrivé, je n’étais pas féministe. Dans mon esprit, j’avais été victime d’un malade mental, point à la ligne. Et puis on m’a expliqué qu’un lien existait entre patriarcat et viol. J’ai lu Simone de Beauvoir, Christine Delphy. Je n’étais plus seule dans mon histoire personnelle face à un fou dangereux, mais inscrite dans une histoire sociale, celle des rapports entre les sexes. Le viol est l’expression ultime de la domination masculine. Le placer dans le champ politique, c’est le situer là où l’on peut le combattre.
Comment comptez-vous faire ?

Je lance ici un appel à toutes les femmes qui ont été victimes d’un viol : célèbres ou inconnues, faites-vous connaître à l’adresse violmanifeste@nouvelobs.com.

Constituons une parole collective et publique forte. Pour qu’enfin change le regard porté sur ce crime, pour permettre aux victimes de se reconstituer, pour que ne pèse plus sur elles cette suspicion, comme s’il n’était pas certain que le viol a eu lieu. Libérons la parole sur le viol. Soyons courageuses, comme nos aînées signataires du « Manifeste des 343 salopes » publié par « le Nouvel Observateur » en 1971. Elles menaient le combat qui a conduit au droit d’avorter en toute légalité. Finissons-en avec le tabou du viol.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

Qu’ils facilitent le dépôt de plaintes. Seul un viol sur huit en fait l’objet. L’homme qui m’a agressée était multirécidiviste. Sur près de trente victimes, seules trois sont allées au procès. Si les autres avaient pu parler, aurais-je été violée ? Il faut former les personnels de justice, les policiers, mener des campagnes d’information, car les gens ne connaissent pas la vérité sur le viol. C’est un fait banal et massif. En France, une femme est violée toutes les huit minutes.

Propos recueillis par ELSA VIGOUREUX

(*) France 2 diffusera à la rentrée un documentaire événement sur le viol. « Le Nouvel Observateur » et l’agence Capa sont associés à cette émission.